Il faut limiter le pouvoir des géants de la technologie

ven 29 Août
Visuel présentant les noms et logos de "Meta" et "Google" entrelacés sur un fond noir.

Amnes­ty Inter­na­tio­nal publie un nou­veau rap­port inti­tu­lé Brea­king up with Big Tech (« Rompre avec les géants de la tech­no­lo­gie ») qui appelle les gou­ver­ne­ments à limi­ter le pou­voir des géants de la tech­no­lo­gie afin de pro­té­ger les droits humains.

Les cinq grandes entre­prises de la tech que sont Alpha­bet (Google), Meta, Micro­soft, Ama­zon et Apple exercent une influence extra­or­di­naire sur les infra­struc­tures, les ser­vices et les normes qui façonnent notre vie en ligne. Ces entre­prises dominent des sec­teurs clés de l’Internet, des moteurs de recherche et des médias sociaux aux bou­tiques d’applications et à l’informatique en nuage. Leur pou­voir lar­ge­ment incon­trô­lé dans divers sec­teurs du numé­rique fait peser de graves risques sur le droit à la vie pri­vée, le droit à la non-dis­cri­mi­na­tion, la liber­té d’opinion et l’accès à l’information.

Le rap­port explique com­ment ces grandes entre­prises tech­no­lo­giques ont bâti leur pou­voir, com­ment elles le main­tiennent et com­ment elles s’efforcent à pré­sent de le conso­li­der davan­tage encore dans les domaines émer­gents de l’intelligence artificielle.

« Ces quelques entre­prises agissent dans le domaine du numé­rique comme des pro­prié­taires qui déter­minent la forme de nos inter­ac­tions en ligne, a décla­ré Han­nah Sto­rey, conseillère en matière de plai­doyer et de poli­tique rela­tive à la tech­no­lo­gie et aux droits humains à Amnes­ty International.

« Il est essen­tiel de s’attaquer à cette domi­na­tion, non seule­ment pour des ques­tions d’équité du mar­ché, mais aus­si parce qu’il s’agit d’une urgence en matière de droits humains. Le déman­tè­le­ment de ces oli­gar­chies tech­no­lo­giques contri­bue­ra à créer un envi­ron­ne­ment en ligne équi­table et juste. Ne pas s’attaquer à la domi­na­tion des géants tech­no­lo­giques peut avoir de graves consé­quences hors ligne, comme l’ont mon­tré nos enquêtes sur le rôle de Face­book dans la guerre du Tigré en Éthio­pie et le net­toyage eth­nique des Rohin­gyas au Myan­mar. »

Dans de nom­breux pays, ces pla­te­formes sont désor­mais tel­le­ment ancrées dans la vie quo­ti­dienne que la par­ti­ci­pa­tion signi­fi­ca­tive à la socié­té dépend désor­mais de l’utilisation de leurs ser­vices. Cela leur confère un pou­voir énorme pour influen­cer le dis­cours public et contrô­ler les flux d’informations.

Les cas recen­sés de sup­pres­sion de conte­nu, de pra­tiques de modé­ra­tion inco­hé­rentes et de biais algo­rith­miques sou­lignent les dan­gers liés au fait de lais­ser quelques entre­prises domi­ner la sphère publique numérique.

Aux termes du droit inter­na­tio­nal rela­tif aux droits humains, les États ont l’obligation de res­pec­ter, pro­té­ger et réa­li­ser les droits humains, notam­ment avec la régle­men­ta­tion et en recou­rant à d’autres mesures pour contrô­ler le pou­voir des entreprises.

C’est la pre­mière fois qu’Amnesty Inter­na­tio­nal publie un rap­port de cette nature afin de sou­li­gner que les États doivent de toute urgence s’attaquer au pro­blème du pou­voir incon­trô­lé de ces entre­prises technologiques.

Le 12 août 2025, Amnes­ty Inter­na­tio­nal a trans­mis à Meta, Google, Ama­zon, Micro­soft et Apple un résu­mé des conclu­sions pré­sen­tées dans son rap­port. Meta et Micro­soft ont répon­du par écrit ; leurs réponses ont été inté­grées au rap­port. Google, Ama­zon et Apple n’avaient pas encore répon­du au moment de la publication.

Des ins­tances de régu­la­tion et des orga­ni­sa­tions de la socié­té civile à tra­vers le monde ont pris diverses mesures pour ten­ter de régler ce pro­blème.
Amnes­ty apporte son sou­tien à ces ini­tia­tives en publiant cette approche fon­dée sur les droits humains en ce qui concerne le droit de la concur­rence et le pou­voir des marchés.

Les États et les auto­ri­tés de la concur­rence devraient uti­li­ser la légis­la­tion rela­tive à la concur­rence en tant qu’outil au ser­vice des droits humains. Les États devraient aus­si enquê­ter et sanc­tion­ner les com­por­te­ments anti­con­cur­ren­tiels qui portent atteinte aux droits humains, empê­cher la cap­ture régle­men­taire et empê­cher la for­ma­tion de mono­poles nuisibles.

Le rap­port recom­mande, entre autres mesures, aux États :

  • d’enquêter sur les grandes entre­prises tech­no­lo­giques au sujet des pra­tiques anti­con­cur­ren­tielles qui portent atteinte aux droits humains ;
  • de déman­te­ler les entre­prises dont le pou­voir mono­po­lis­tique porte atteinte aux droits humains ;
  • d’enquêter sur le sec­teur émergent de l’IA géné­ra­tive afin de déter­mi­ner quels sont les risques et les réper­cus­sions sur les droits humains liés aux pra­tiques anticoncurrentielles ;
  • de blo­quer les fusions et acqui­si­tions qui risquent de por­ter atteinte aux droits humains ; et
  • d’intégrer les consi­dé­ra­tions rela­tives aux droits humains dans les enquêtes et les déci­sions por­tant sur les pra­tiques anticoncurrentielles.

Source : https://www.amnesty.be/infos/actualites/article/faut-limiter-pouvoir-geants-technologie

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