Byebye Google, inauguration !

jeudi 19 septembre 2024

Qu’est-ce que c’est ? Entre une per­for­mance poli­tique, une reven­di­ca­tion artis­tique et un chan­ge­ment d’ha­bi­tudes de tra­vail, Bye­bye Google est une ten­ta­tive de sor­tir de l’emprise du pre­mier des GAFAM à l’é­chelle d’une ins­ti­tu­tion (= sco­laire, de l’en­sei­gne­ment supé­rieur dans le domaine des arts en Fédé­ra­tion Wal­lo­nie-Bruxelles =). Plus d’in­for­ma­tions sur la démarche ci-dessous.

Le 11.07.2024, à 12h59 heure de Bruxelles, une grande bas­cule a été faite et l’erg s’est décon­nec­tée des Google Works­pace for Edu­ca­tion (en gros, Gmail et Drive). Ce jeu­di sera l’oc­ca­sion de faire le point sur les deux pre­miers mois de l’a­ven­ture, les deux années (et plus) pas­sées à pré­pa­rer ce chan­tier et cette bas­cule, et à célé­brer autour d’un verre avec les équipe de l’erg et de Tac­tic asbl.

Le jeu­di 19 sep­tembre 2024 de 18:00 à 19:00
Erg, 87 Rue du Page, 1050 Ixelles

Byebye Google

Bye­bye Google, c’est le nom de code (rela­ti­ve­ment expli­cite) d’un chan­tier de plu­sieurs années qui a per­mis de décon­nec­ter l’erg de Google.

Retour vers le futur des années 2000

Nous sommes le 14 octobre 2009, les pre­mières adresses @erg.be sont créées dans ce qui s’ap­pelle alors Google Apps for Edu­ca­tion, un ser­vice de Google lan­cé trois ans plus tôt et regrou­pant et reliant alors Gmail, Google Calen­dar, Google Docs et Google Talk.

Entre 2006 et 2012, Google Apps (qui devien­dra G Suite en 2016 puis Google Works­pace en 2020) est gra­tuit pour tous·tes les utilisateur·ices, puis ne sera gra­tuit que pour les ver­sions Google Apps for Edu­ca­tion et Google Apps for Non­pro­fits (en Bel­gique, pour cer­taines asbl et fon­da­tions vali­dées par une entre­prise pri­vée de “cha­ri­ty busi­ness”). Les autres asso­cia­tions, PME, etc., qui avaient pris l’ha­bi­tude d’u­ti­li­ser des ser­vices et des outils “gra­tuits” se sont retrou­vés for­cés à mettre la main au porte-mon­naie, ou à com­plè­te­ment revoir leur manière de col­la­bo­rer en ligne…

Cepen­dant, la ver­sion Google Works­pace for Edu­ca­tion Fun­da­men­tals, qu’u­ti­li­sait l’erg jus­qu’a­lors, reste gra­tuite (tan­dis que les ver­sions Stan­dard et Plus sont fac­tu­rées quelques euros par élèves et par années). Bref, une poli­tique com­mer­ciale dif­fi­cile à concurrencer !

Et pour­tant, l’erg fait le choix de se décon­nec­ter de Gmail, Drive & cie. Pourquoi ?

Retour sur les périodes de confinement

Une conjonc­tion de plu­sieurs fac­teurs per­met à l’é­cole d’a­mor­cer un virage vers les logi­ciels libres, comme le rap­pelle Peg­gy Pier­rot lors de la pré­sen­ta­tion de la St·e Claude, à savoir :

  • Peg­gy tra­vaillait alors au Matos et pou­vait déga­ger du temps pour orga­ni­ser cela
  • un éco­sys­tème humain dans l’é­cole favo­rable au logi­ciel libre (avec un cer­tain nombre de per­sonnes sou­hai­tant don­ner plus de place aux logi­ciels libres dans l’é­cole, tant du côté d’une par­tie des enseignant·es que de l’é­quipe admi­nis­tra­tive et de la direction)
  • plu­sieurs per­sonnes de l’é­cole étaient proches d’acteur·ices de l’In­ter­net asso­cia­tif bruxel­lois (notam­ment Tac­tic asbl)
  • et, der­nier mais non des moindre, les confi­ne­ments et le besoin de gar­der le contact (mal­gré la dis­tan­cia­tion sociale) avec les étudiant·es

Lors du pre­mier confi­ne­ment, la com­mu­nau­té de l’erg s’est dit qu’il était tout à fait pos­sible d’é­vi­ter de tom­ber dans Zoom, Teams & cie, d’au­tant plus que Peg­gy avait les “clefs” d’une ins­tance de Mat­ter­most (un équi­valent libre de Slack), qui per­met­tait une dis­cus­sion numé­rique plus légère et plus fluide que les mails. Un tra­vail col­lec­tif de for­ma­tions internes et d’a­ni­ma­tion de ces nou­velles manières de faire a per­mis de tra­ver­ser le pre­mier confinement.

Au moment de pré­pa­rer la ren­trée 2020 – 2021, et en anti­ci­pant le second confi­ne­ment, un besoin appa­raît : gar­der des points de com­mu­ni­ca­tions fiables avec les étudiant·es. Or, contrai­re­ment à d’autres ESA uti­li­sant Google Apps /​G Suite /​Google Works­pace for Edu­ca­tion, l’erg n’a jamais créé sys­té­ma­ti­que­ment de compte pour chacun·e de ses étudiant·es, ni même pour chaque professeur·e. Avec les pseudonymes/​homonymes/​etc. dans les adresses mails per­son­nelles ou les numé­ros de télé­phone qui changent, ce n’est pas tou­jours évident, et vient alors l’i­dée de sys­té­ma­ti­ser la créa­tion d’une adresse de la forme prenom.nom@erg.school.

Pour­quoi @erg.school et non @erg.be ?

L’i­dée étant de ne pas fon­cer dans Zoom & cie, autant ne pas fon­cer non plus dans Google ! Hors, avec Google Works­pace, les cour­riels @erg.be étaient gérés par Gmail. Plu­tôt que de tout faire d’un coup, pour parer au plus urgent, en rap­port avec le temps de tra­vail dis­po­nible et par sou­cis de pré­ser­ver les membres de l’é­quipe admi­nis­tra­tive et de la com­mu­nau­té ensei­gnante, l’i­dée est de créer des adresses avec un autre nom de domaine (erg.school donc), sur lequel l’erg et Tac­tic auraient entiè­re­ment la main, pour par­tir d’une page blanche.

Ain­si, les étudiant·es ayant confir­mées leur ins­crip­tion dis­po­saient toutes et tous, en sep­tembre 2020, d’une adresse mail école, d’un espace cloud pour sto­cker leurs tra­vaux et autre et d’un accès à la pla­te­forme Mattermost.

Relance européenne : business not as usual

À la fin de l’an­née 2020, l’U­nion Euro­péenne lance un pro­gramme de relance éco­no­mique : Next­Ge­ne­ra­tio­nEU, ins­tru­ment tem­po­raire pour “répa­rer” l’é­co­no­mie des pays membres suite à la crise (éco­no­mique) pro­vo­quée par la pan­dé­mie de Covid 19, et pour créer un “futur plus vert, plus numé­rique et plus rési­lient”. La pièce maî­tresse de ce pro­gramme est le Reco­ve­ry and Resi­lience Faci­li­ty, ou RRF, qui se tra­dui­ra pour l’erg en sub­ven­tions sup­plé­men­taires accor­dées par la Fédé­ra­tion Wallonie-Bruxelles.

En effet, toutes les ins­ti­tu­tions du supé­rieur (ESA, mais aus­si Hautes Écoles et uni­ver­si­tés) en FWB pou­vait béné­fi­cier d’un bud­get pré­dé­ter­mi­né (cal­cu­lé sur le nombre d’étudiant·es), sim­ple­ment en en fai­sant la demande et en pré­sen­tant un plan d’u­ti­li­sa­tion qui rentre dans le cadre de RRF. Là où cer­taines écoles décident d’in­ves­tir dans des ordi­na­teurs flam­bants neufs pour “réduire la frac­ture numé­rique”, l’erg fait le choix d’ap­pro­fon­dir ce que Peg­gy Pier­rot et d’autres avaient com­men­cé à mettre en place : un éco­sys­tème numé­rique basé sur des acteu­rices bruxellois·es, fonc­tion­nant avec des logi­ciels libres.

Au-delà de la ques­tion de prin­cipe, il s’a­gis­sait éga­le­ment d’une ques­tion de sur­vie (com­ment être sûr d’a­voir accès à nos don­nées quelles que soient les crises qui sur­gissent) et de res­pon­sa­bi­li­té légale : la direc­tion de l’é­cole, selon le Règle­ment Géné­ral de la Pro­tec­tion des Don­nées (RGPD), est en effet res­pon­sable de la pro­tec­tion des don­nées qui sont confiées à l’ins­ti­tu­tion, et l’on savait que Google et Micro­soft (source ici et , ou encore cette déci­sion du Dane­mark d’in­ter­dire tous les pro­duits Google Works­pace (en anglais)), pour ne citer que ces deux entre­prises, stockent les don­nées de leur uti­li­sa­teu­rices un peu par­tout sur la pla­nète, pour assu­rer redon­dances, accès 24/​7, etc. L’erg était donc dans l’im­pos­si­bi­li­té de garan­tir cette pro­tec­tion tout en étant tenue res­pon­sable si fuite de données.

Cet idée de retour­ner au “local” (au sens de proxi­mi­té et non au sens natio­na­liste) était aus­si l’oc­ca­sion d’ap­pro­fon­dir la connais­sance des condi­tions de tra­vail des her­ber­geu­reuses de nos don­nées, ain­si que des condi­tions tech­niques et juri­diques aux­quelles on fait face, sur des ser­veurs Linux en Belgique.

Cet appren­tis­sage numé­rique a une autre fonc­tion : le fait de pas­ser à d’autres logi­ciels (que les block­bus­ters du genre) per­met un appren­tis­sage de ce que fait le logi­ciel (et non le logi­ciel de tel marque), et de com­prendre un peu mieux les condi­tions maté­rielles de fonc­tion­ne­ment de ces infra­struc­ture. Cet appren­tis­sage ne se fait pas de lui-même, spon­ta­né­ment, mais bien par la for­ma­tion, l’in­for­ma­tion, les expli­ca­tions pair·es-à-pair·es (vers/​avec/​entre étudiant·es, enseignant·es, membres de l’é­quipe admi­nis­tra­tive), qui per­mettent une tran­si­tion en dou­ceur vers ces envi­ron­ne­ments de tra­vail “dif­fé­rents”. Les frot­te­ments qui sur­gissent alors (par­fois) sont (sou­vent) sources de démys­ti­fi­ca­tion et de ré-appro­pria­tions des outils numé­riques, outils qui pour­ront par ailleurs être uti­li­sés ou ren­con­trés à nou­veau plus tard dans la vie pro­fes­sion­nelle, car de plus en plus d’as­so­cia­tions du milieu de la culture et du milieu asso­cia­tif uti­lisent ces outils.

Sans l’ac­com­pa­gne­ment de Tac­tic asbl de manière régu­lière et inves­tie auprès des équipes ce chan­ge­ment ne pour­rait avoir lieu , il demande aus­si une curio­si­té, une éner­gie, une soli­da­ri­té, une écoute entre membres des équipes admi­nis­tra­tives, étu­diants et ensei­gnantes dans ce pro­ces­sus d’ap­pren­tis­sage collectif.

https://wiki.erg.be/w/Byebye_Google

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